Du fumier composté pour booster la production du coton biologique

_MG_3107-2Dans le village de BATIA, localité située au nord du Bénin, à proximité de la réserve de la Pendjari, est née la technique de fertilisation du cotonnier à 5 tonnes / ha. Boni Adama, une productrice de ce village nous parle de cette technique qui a changé sa vie.

Boni Adama est une productrice membre de coopérative de Batia, village situé dans la commune de Tanguiéta au nord du Bénin. Mariée et mère de huit enfants, Boni Adama séjourne au Burkina dans le cadre de la Foire des Innovations Paysannes en Afrique de l’Ouest, FIPAO. À ce grand rendez-vous d’intenses échanges où une rencontre, une idée venue d’ailleurs peut changer votre vie, elle est venue partager son innovation mais aussi apprendre auprès de ces pairs de l’Afrique de l’Ouest..

Des productions faibles…

Sur les 2 hectares qu’elle exploite à proximité de la réserve de la Pendjari, elle cultive du coton et du soja biologiques. Rapidement confrontée aux faibles productions de son champ (dû au sous dosage ou apport déséquilibré de compost) et à la cherté des engrains chimiques, elle a également constaté que les terres de culture de ses voisins peulhs ne s’appauvrissait pas. Les investigations menées auprès de ceux-ci l’ont poussée, elle et les femmes de son groupement à expérimenter la production à base de compost.

De cette expérimentation naquit la technique de fertilisation du cotonnier à 5 tonnes / ha. En plus de cela, selon Augustin YAO-KASSA, chargé de la promotion cultures biologiques à l’U-AVIGREF dans la Pendjari, l’idée de cette technique est née du besoin des producteurs de savoir avec exactitude la quantité de compost nécessaire pour une surface donnée afin d’éviter tout gaspillage ou insuffisance.

La technique de fertilisation du cotonnier 5 tonnes / ha consiste à fabriquer à partir des déjections animales (bœufs, petits ruminants, poulets), des végétaux et des ordures ménagères qui seront ensuite stockés et mis en décomposition.

« Si auparavant, nous utilisions du compost, avec l’avènement de l’agriculture biologique, nous ne pouvions pas utiliser des engrains chimiques de synthèses. Il était question qu’on apprenne comment fabriquer le compost » a indiqué Boni Adama. Cet apprentissage s’est manifesté selon elle, par l’accompagnement de l’Union de l’AVIGREF (U-AVIGREF), de l’Institut Nationale des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB) et de Helvetas Bénin.

Cette aide a essentiellement concerné le domaine de la formation.

D’un autre côté, les différentes recherches de L’INRAB ont permis de déterminer que pour une production pour une superficie d’1 ha., le dosage nécessaire était de 5 tonnes de compost.

Toujours selon Augustin YAO-KASSA, ce résultat est le fruit de trois ans de recherches et de tests sur des parcelles témoins. Dans sa parcelle, une des parcelles témoins, Boni Adama affirme que la technique de fertilisation du cotonnier 5 tonnes / ha a boosté sa production de coton graine. « Avant, les personnes qui faisaient 300, 400 kg de coton graine à l’hectare, peuvent aller aujourd’hui à 600, 800 kg à l’hectare » nous a-t-elle confié. Si sa coopérative est la première en termes de production dans sa région, c’est grâce à cette technique.

Une nette amélioration des gains…

L’effet immédiat de cette nette amélioration de la productivité se ressent dans l’amélioration du portefeuille de la ménagère. Avec un investissement d’environ 23 000 FCFA pour l’assemblage du compost, Boni Adama se retrouve avec des recettes se situant entre 100 000 et 200 000 FCFA. Du coup, elle participe aux charges familiales en payant la scolarité, les soins des enfants, se vêtir, etc.

Forte de son expérience, Boni Adama tient à lancer un cri de cœur à l’égard de ses pairs. Elle leur conseille de produire désormais eux-mêmes de la matière organique pour éviter d’être dépendant des engrains chimiques. Outre cette dépendance, l’utilisation à long terme de ces engrains chimiques a un impact néfaste sur les sols.

Son cri de cœur va également à l’endroit des partenaires qui œuvrent pour une agriculture biologique. Les producteurs africains ont besoin de tout leur accompagnement et leur soutien afin de pérenniser cette technique et celles du genre. Et à Augustin YAO-KASSA de conclure : « utiliser les engrains organiques, c’est produire sain, c’est manger sain ! »

Abdoulaye Maïga

(976)

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *