Des innovations paysannes en quête de soutien politique
« Le savoir en appui à la force », on pourrait ainsi traduire littéralement le sigle de l’AMSP, Association Minim Sông Pânga. Une association de développement qui regroupe une centaine de paysans innovateurs et d’anciens agents de projets de développement. « Les paysans « innovateurs » sont ceux-là qui confrontent sans cesse les idées pour proposer des choses acceptables pour les autres paysans », explique Banguéba Roger Kaboré, président de l’AMSP.
Pour cet agronome, qui dit innovation paysanne, dit confrontation. « Confrontations des idées et savoirs paysans et ceux de la recherche pour résoudre des problèmes que les paysans vivent au quotidien. Les innovations paysannes peuvent être d’ordre technologique (semences préférées, zaï, etc) ou d’ordre socio-économique (nouveaux systèmes ou outils pour faire la promotion des technologies à grande échelle) », ajoute le président de l’AMSP.
Une démarche dans laquelle s’est inscrite l’AMSP depuis sa création. « Le principal domaine d’activités de l’AMSP est la recherche-développement, et plus particulièrement la promotion des technologies dans l’agro-sylvo-pastoralisme. Chaque membre s’engage à partager ses connaissances et expériences avec les autres et avec d’autres producteurs », fait comprendre Banguéba Roger Kaboré.
C’est en toute logique que l’AMSP prendra part à l’atelier francophone sur les approches de recherche et du développement par et avec les paysans producteurs du 12 au 14 mai 2015, et à la Foire des Innovations Paysannes en Afrique de l’Ouest (FIPAO), les 15 et 16 mai à Ouagadougou au Burkina Faso.
« Je suis intéressé à cet atelier et à cette foire pour partager nos expériences en RD avec les autres participants et apprendre d’eux », confie Banguéba Roger Kaboré qui précise que son association participera à travers le partage de deux expériences. La première expérience porte sur une initiative basée sur une démarche de production locale de semences orientée vers une distribution locale et donc au profit des agriculteurs dans les villages. Quant à la seconde expérience, elle concerne l’intensification agro-écologique dans des communes rurales, c’est-à-dire en faisant la promotion des combinaisons de technologies adaptées aux producteurs et productrices de ces communes. Cette initiative a été développée en consortium avec l’Association Nourrir Sans Détruire et l’INERA.
En retour, Banguéba Roger Kaboré espère apprendre des autres participants, notamment sur « les étapes-clés d’une démarche de recherche-développement et comment elles s’enchaînent », « les outils d’information et de sensibilisation en milieu rural qui ont fait leurs preuves ou qui peuvent être expérimentés ». Mais surtout, le président de l’AMSP entend mettre sur la table « des questions de lobbying auprès des décideurs (ONG, Etat) ». « Le souhait est aussi que les décideurs politiques qui pourraient y participer aient connaissance de nos initiatives pour les soutenir », conclut-il.
Crédits photos : Association Minim Sông Pânga
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